Le nouveau visage de l’héroïne

L’image du jeune héroïnomane « défoncé, apathique » dans une ruelle sale et obscure, est dépassée. De nos jours, il peut avoir 12 ans, jouer à des jeux vidéo et aimer la musique de sa génération. Il peut se montrer brillant, bon chic bon genre, sans la moindre trace de piqûre dans le bras.

Comme l’héroïne est disponible sous des formes plus faciles à consommer et plus abordables, la tentation est plus forte que jamais. Entre 1995 et 2002, le nombre d’adolescents américains âgés de 12 à 17 ans ayant consommé de l’héroïne au moins une fois dans leur vie a augmenté de 300 %.

Un jeune qui aurait réfléchi à deux fois avant de se planter une seringue dans le bras va plus facilement fumer ou sniffer. Cette nouvelle consommation est faussement rassurante, elle est plus « clean » et paraît moins risquée. Ce qui est vrai, c’est que l’héroïne sous toutes ses formes est dangereuse et engendre la dépendance.

J’ai perdu ma plus jeune sœur suite à une overdose d’héroïne. Elle avait un merveilleux talent artistique qui avait été constaté très tôt.

À 14 ans, elle fumait de l’herbe. À 15 ans, elle a commencé à traîner avec un type qui n’était pas vraiment un ami. Il lui a recommandé quelque chose de mieux, de plus relaxant et défonçant que l’herbe. C’est là qu’elle a commencé l’héroïne.

Elle a été renvoyée de l’Académie des beaux-arts juste quelques mois après avoir commencé. À 22 ans, elle m’a appelée et m’a dit qu’elle était dans un centre de réhabilitation.

Elle s’est bien tenue pendant un peu plus d’un an puis a replongé. Nous ne saurons jamais pourquoi elle a replongé, nous ne saurons que ce que nous avons lu dans son journal intime. Sa dépendance représentait un combat quotidien pour survivre.

Un matin, mon téléphone a sonné et mon père était à l’autre bout. Il m’a dit : “J’ai appris qu’elle était morte.” J’ai crié et sangloté sans pouvoir me contrôler. Je n’oublierai jamais ce moment.

Megan